Lorsque l’on entame une formation dans le travail social, quelque soit le corps de métier concerné, il y a peu de chances d’éviter la pyramide de Maslow, qui contrairement à ce que l’image d’en-tête de cet article suppose, n’a rien à voir avec la découverte d’un égyptologue.
Abraham Maslow est un psychologue américain considéré comme un des pères fondateurs de l’approche humaniste en psychologie.
Simple, imagée, aux concepts raisonnablement accessibles, sa pyramide permet d’éclairer quelque peu la démarche de celui qui s’intéresse aux humains.
Au sens large d’ailleurs, puisque la pyramide de Maslow est utile au commercial, au travailleur social, au DRH d’entreprise ou à l’officier militaire.
Il suffit de faire une recherche sur le net pour se rendre compte qu’elle est utilisée à toutes fins, dans des contextes privés (développement personnel, spiritualité, message religieux) ou professionnels (travail social, gestion du personnel d’entreprise, gestion de groupe, …)
Pyramide de Maslow : qu’est-ce que c’est ?
Pour faire simple, la pyramide de Maslow définit les besoins que l’Humain a besoin de satisfaire avant de pouvoir accéder à un état de plénitude physiologique, psychologique, affective, sociale et spirituelle.
Si cette pyramide est souvent citée dans un contexte de management du personnel, et contrairement à ce que l’on lit souvent à ce sujet, Maslow n’a pas développé sa théorie dans ce contexte mais bien dans celui de la compréhension de l’Humain en tant qu’être social.
Ses recherches visent à réfléchir aux motivations supposées d’un humain en fonction des impératifs de sa réalité.
Abraham Maslow, psychologue
Abraham Maslow, psychologue américain (1916-1972), considère l’humain comme un être vivant et éminemment social dont les motivations sont définies par la nature de ses besoins, de nature physiologiques, psychologiques, sociologiques et spirituels.
Classant ce qu’il nomme « les besoins fondamentaux » selon une échelle hiérarchique, Maslow est aussi connu pour son approche scientifique de la notion de spiritualité, en abordant des concepts comme celui de la « révélation », étudiée sous le prisme de la sociologie et de la psychologie.
Si l’on retrouve souvent la pyramide de Maslow et ses théories dans le milieu de l’entreprise en tant qu’outil de gestion du personnel abordant la motivation du travailleur, Maslow lui-même n’a que peu développé cette application de sa pyramide (ses notes n’évoquent que très peu le concept de motivation), son propos concerne plutôt l’eupsychie (la santé psychologique).
Pyramide de Maslow : Un outil de compréhension de l’Homme en tant qu’animal social
Maslow définit donc les besoins humains et les hiérarchise :
- Les besoins fondamentaux : Tout en bas de sa pyramide, reposent les besoins physiologiques, dits aussi « fondamentaux », leur satisfaction suppose la survie de l’individu, seul et en tant que membre d’une espèce (respiration, alimentation, élimination, maintien de la température, repos et sommeil, activité musculaire et neurologique, contact corporel, vie sexuelle).
- Les besoins de sécurité : Une fois l’Homme nourri et au chaud, il relève la tête et regarde autour de lui, dans le but de préserver sa capacité à survivre. Il recherche alors la sécurité physique et psychologique : emploi, stabilité familiale et professionnelle, propriété (avoir des choses et des lieux à soi) et maîtrise (pouvoir sur l’extérieur).
- Les besoins sociaux : L’Homme est nourri, au chaud, à l’abri, maître chez lui. Il peut maintenant se confronter à la communauté. Il cherche ainsi à satisfaire son besoin d’affectivité (être accepté tel que l’on est, recevoir et donner amour et tendresse, avoir des amis et un réseau de communication satisfaisant), d’estime de la part des autres (être reconnu comme ayant de la valeur) et d’appartenance (statut social).
Selon Maslow, si ces besoins de base sont satisfaits il y a apparition, selon ce que l’on appelle le principe d’émergence, d’autres besoins dits besoins secondaires de développement, qui sont plus de l’ordre de la réalisation de soi, comme être libre, que du comblement de manques :
- Les besoins de reconnaissance : Nourri, au chaud, à l’abri, aimé et aimant, bénéficiant d’un réseau de relations, l’Humain va maintenant chercher la reconnaissance de son utilité. Il souhaite comprendre sa propre valeur, s’accepter lui-même, se sentir libre en tant qu’être social.
- L’accomplissement : quand les étapes précédentes ont été abordées, l’Humain peut alors se consacrer à la réalisation de soi, à sa « vie intérieure » afin de, suivant en cela les conseils de Nietzsche, « devenir ce que nous sommes ». Cette dernière étape est à l’origine du développement culturel de l’individu et de la société.
Pyramide de Maslow : quelles nuances ?
La pyramide de Maslow commence à vieillir. Présentée en 1943, les articles que l’on rencontre de nos jours à son sujet soulignent presque tous son âge : 70 ans ! Ce qui semble induire le fait qu’en vieillissant elle manque de pertinence. Certains sont même catégoriques : la pyramide de Maslow n’a aucune pertinence.
Il me semble pourtant que 70 ans plus tard la pyramide de Maslow conserve tout son intérêt, si l’on n’en fait pas son seul mode de pensée ni sa seule structure méthodologique.
Deux points que les lectures de différents articles concernant la pyramide de Maslow m’ont donné envie de souligner ici :
- éviter l’absolu : ce que présente la pyramide de Maslow n’est pas à prendre dans l’absolu ni de façon radicale. Les besoins présentés dans la pyramide peuvent se chevaucher, l’on peut rencontrer des cas de figure ne s’inscrivant pas dans la théorie (un artiste maudit, mort de faim et poursuivant son oeuvre au détriment de sa propre vie en est un exemple ; une famille pas ordinaire, préférant afficher la possession d’une jolie voiture ou d’un téléviseur hors norme plutôt que de remplir son frigo, en est un autre.)
- creuser la question : d’autres chercheurs, à partir de la pyramide de Maslow, ont élaboré leur propre théorie, apportant ainsi nuances ou contradictions manifestes avec les propos de Maslow. De plus chacun des points évoqués dans la pyramide mérite d’être approfondi, questionné : Quelle est la frontière entre besoins fondamentaux et besoins négligeables ? Quel est le sens précis du concept de « besoin » selon Maslow ? Quelle est la place des comportements sociaux inconscients dans cette théorie ? Les évolutions sociétales modifient-elles les points liés à la réalisation de soi, à l’appartenance à un groupe social, … ?